Il arpente les routes colombiennes depuis quelques mois maintenant, notre licencié Antoine Strohl a lâché son vélo quelques minutes pour répondre à nos questions. Rencontre avec un amateur passionné.

Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi tu es en Colombie?
Bonjour je m’appelle Antoine Strohl, j’ai 20 ans et je suis en Colombie pour 6 mois (ou plus) dans le cadre d’un échange universitaire avec mon école. Je suis donc des cours ici, à l’université EAFIT, la troisième meilleure du pays. En tant que passionné du vélo, j’ai réussi à continuer ma passion dans ce magnifique pays et je vous emmène deux fois par semaine lors de mes vlogs « Un cycliste en Colombie » pour vous montrer la vie d’un étudiant cycliste en échange universitaire. Je développe ce projet de chaîne YouTube avec mon frère jumeau, Grégoire Strohl, lui aussi passionné de vélo et une vraie « grosses cuisses ».
Et du coup tu as trouvé un vélo sur place?
Oui en effet j’avais deux priorités en arrivant : trouver une collocation et trouver un vélo (rires) ! J’ai choisi de prendre une marque colombienne « Spiro » pour montrer que la Colombie est une terre de vélo et qu’ils avaient aussi leur propre savoir-faire et matériels. Je n’en suis pas déçu : prix attractif et vélo très fonctionnel, parfait pour la compétition.
Et des compagnons de route?
Alors oui, je n’ai jamais croisé autant de cyclistes qu’ici ! Je peux rouler tous les jours avec quelqu’un de différent, je peux aussi rouler pour visiter, faire leur fameuse « pause-café », mais aussi rouler avec des jeunes élites Colombiens qui me poussent dans mes retranchements dans leurs montagnes à plus de 2000m d’altitudes. Aujourd’hui j’ai même une licence dans un club là-bas, qui m’accompagne sur les compétitions et dans mes entraînements. Vraiment, je ne manque pas d’opportunités et c’est génial !

Comment arrives-tu à concilier tes études avec l’entrainement? Tu vas rouler très tôt parfois par exemple?
Alors oui, comme un vrai Paisa (habitant de Medellin) je me lève très très tôt le matin (parfois 4h45) pour aller m’entrainer avec des potes ou seul. Je suis vraiment super motivé pour performer cette année en France et en Colombie. Mais le rythme se prend assez facilement quand on est motivé et dans la culture Colombienne les gens commencent à travailler à 5-6h. Cela me permet d’être encore plus ancré dans la culture. Pour ce qui est des cours, c’est une question d’organisation et de motivation comme toujours. Cependant, j’ai moins de cours qu’en France et cela me laisse plus de temps pour rouler et aussi monter les vidéos qui sont un sacré travail en plus.
Les paysages doivent te changer et les pourcentages aussi! Tu as réussi à trouver un peu de plat ou pas du tout?
C’est sur j’en prends plein la vue ici ! et tous les jours je monte sur mon vélo et je lève la tête en me disant « wahhh là tu as de la chance profites de ça » ! Medellin est une région très montagneuse et je me retrouve tout le temps au-dessus de 2000m d’altitude, c’est génial pour l’entraînement mais aussi pour les paysages. En effet, (rires) il y a du dénivelé ma première course avec mon club colombien était juste une montée de 13 km à 8% de moyenne… mais certaines pentes à 25% sur un revêtement comparable au pavé : on est dans le dur mais c’est ça qui fait le charme de ce pays. Ici ce n’est jamais réellement plat, mais autour du fleuve de Medellin on peut facilement rouler pour la « récupération ».

Tu as récemment fais tes premières compétitions tu peux nous raconter comment ça se passe?
Alors j’ai déjà fait 4 courses : 3 « chequeo » qui sont des courses « clandestine » sur routes ouvertes et qui servent à préparer la reprise de la saison : ça court très fort, ça monte et c’est une expérience de dingue ! les Elites colombiens et colombiennes viennent les faire et le niveau est très relevé. J’ai eu l’occasion de prendre une échappée avec un pro de chez Team Medellin durant une de ces courses : le rêve ! Surtout que c’est sous forme de courses en lignes, ça change des critos en France (rires)!
Et la semaine dernière j’ai fait ma première course de la saison en club ! quelle expérience de dingue il pleuvait, c’était au fin fond d’un bled : une ambiance de fou ! c’était une course seulement sur l’ascension d’un col sur un revêtement qui n’accrochait pas avec la pluie ahah : j’ai chuté dans une petite descente alors que j’étais dans le groupe de tête et je finis finalement 15ème, dernière ce groupe qui n’a pas attendu que je remette ma chaîne (rires)!
Les formats de courses sont les mêmes qu’en France avec quand même plus de courses en ligne et de courses sur 5 jours ! Après il y a toujours les critériums et les clm. J’attends de réellement reprendre la saison et je vous parlerais plus de ça dans mes futurs vlogs.

Est-ce que tu ressens que la Colombie est une terre de vélo?
Oui, c’est la première chose que j’ai ressentie ici : une partie du périphérique est fermée sur 30km tous les dimanches pour permettre aux cyclistes de rouler ans danger. Le col de las palmas (mythique col où Quintana gagne sur le tour de Colombie) est effectué en moyenne par 300 cyclistes (seulement sur strava) les week-ends. Après le foot c’est le sport numéro 1 ! De nombreux pros viennent en hiver s’entrainer en Colombie pour l’altitude et la température.
Et c’est pour ça que ça me tient à cœur de vous montrer ce qu’est réellement la Colombie et de sortir de tous les clichés que l’on peut avoir dessus…
Tu as du croiser des pros?
Alors oui j’ai croisé Daniel-Felipe Martinez de chez ineos ! Et j’ai eu l’occasion de faire tout un col de 6km à 7% de moyenne dans sa roue. Le rêve! J’ai même essayé de l’attaquer sur la fin mais il m’a fumé au sprint (rires). Une semaine après ça il était champion de Colombien de contre-la-montre. Il y a une vidéo sur notre YouTube de ça je vous laisse aller voir ma souffrance pour le suivre ahah.
Est-ce que tu arrives à continuer ton programme d’entrainement entamé en France cet hiver?
Alors, étant cyclistes seulement depuis 1 an je n’avais pas de programme mais, avec mon frère Grégoire on s’est beaucoup renseigné pour progresser et pour savoir quand et comment travailler quelle spécificité. Aujourd’hui je ne me suis jamais aussi bien entrainé qu’en Colombie, étant suivit par un club ici et ayant l’opportunité de rouler et de m’entrainer avec des élites. Je m’éclate sur le vélo mais travail la majeure partie du temps dessus : en 2 mois j’ai déjà fait 3500km !
Ton retour est prévu pour quand?
Mon retour est prévu début juin, et j’ai vraiment envie de directement courir avec le VCVV et de performer aux côtés de mon frère pour pourquoi pas passer un cap dans le cyclisme avec le VCVV. Cependant la route est encore longue et beaucoup de travail encore nous attend avec notamment, un manque d’expérience dans les pelotons. Une expérience que j’acquiers chaque semaine un peu plus ici en Colombie.
Tu penses que tu vas réussir à battre ton frère à ton retour en France?
(Rires) c’est l’objectif : fumer mon frère à mon retour au moment où je serais bourré de globules rouges. Je le prendrais en col par contre sur mon terrain, Greg parle moins que moi mais il est très très costaud (j’ai peur de lui -rires-). Le fait d’être deux fait notre force : on se tire la bourre on se motive et quand on se lève le matin et qu’on voit que son frère a déjà fait son entraînement ça nous pousse à nous entraîner en gardant « la tête dans le guidon ».
Pour suivre les aventures de Grégoire et Antoine sur Youtube, vous pouvez suivre ce lien et vous abonner à leur chaîne!